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La dynamique de la rentrée en multiâge

LA DYNAMIQUE DE GROUPE CHANGE ET SE POURSUIT EN MÊME TEMPS

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«Étrange!» me direz-vous. En effet, le groupe change puisque les plus vieux poursuivent leur chemin soit à l’école, soit dans le groupe des 4-5 ans (selon le fonctionnement interne en multiâge). Le groupe change parce que de nous venus intègrent le groupe, avec l’arrivée de nouveaux poupons (en milieu familial) ou de nouveaux 18 mois (en CPE). Le rôle de l’éducatrice est donc le même que dans un groupe d’âges, de ce point de vue. Elle doit donc s’assurer que l’intégration se fait progressivement. Mettre en place des outils qui vont permettre aux nouveaux de mieux comprendre et suivre les règles. Notamment, avec des pictogrammes du déroulement de la journée, l’accessibilité du toutou/doudou réconfortant dans les premiers jours.

Mais la dynamique de groupe se poursuit pour ceux qui sont déjà dans le groupe et qui ne devrait pas quitter le groupe avant 2 ou 3 ans. Ces enfants connaissent les routines et deviennent des lutins d’intégration qui peuvent aider les nouveaux venus à s’intégrer plus vite. Ils deviennent le modèle des autres quelques soient leurs âges respectifs. Les anciens du groupe, valorisés dans un rôle de parrainage, apprennent à mieux connaître les nouveaux, et réciproquement, en utilisant comme vecteur l’intégration.

Par exemple : « Jérémy peux-tu montrer où est la salle de bain à Émilie, s’il te plaît, elle a envie.» Jérémy est valorisé. On lui fait confiance de conduire l’autre enfant à la salle de bain. Il a une occasion de se faire connaître par l’autre amie. Maintenant, Émilie ne se sent plus seule. Elle sait qu’un petit garçon s’appelle Jérémy et qu’il peut l’aider si elle en a besoin. Elle se sent à son tour plus à l’aise dans ce nouveau groupe qu’elle ne connaît pas.

LA PLANIFICATION DOIT SE RÉFLÉCHIR DANS LE TEMPS

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Les enfants sont dans un même groupe pour au moins 2 ou 3 ans. Allez-vous refaire chaque année en janvier, les formes géométriques ou les couleurs? À moins d’amener suffisamment d’activités différentes pour alimenter 3 ans, il est certain qu’une planification thématique pourrait être plus accessible pour le groupe.

Planifier des moments d’exploration permet à tous et chacun d’y trouver son compte. L’éducatrice joue son rôle de guide en fournissant suffisamment de matériel varié (usages différents, textures, tailles et formes différentes) pour permettre une exploration par tous mais aussi questionner individuellement pour mieux comprendre le cheminement des plus vieux et les faire progresser dans leur exploration.

Les plus jeunes, par observation et mimétisme, vont tentés de reproduire ce que font les grands. Si le grand voit cela et qu’il explique au plus jeune, sa démarche, nous sommes alors dans une démarche d’étayage (expliqué plus loin).

SSPX0361.jpgAh le temps! Que l’on parle d’horloge ou de température, il rythme la journée et immanquablement, l’éducatrice comme les enfants doivent vivre avec. La journée est structurée en périodes, il faut donc prendre le temps de décortiquer chacune d’elles pour savoir si le groupe fonctionne pour chacune d’elles.

Par exemple, sachant que petits et grands vont dehors pour un laps de temps déterminé et qu’il faut s’habiller pour aller dehors puis, rentrer et se préparer pour une autre période, comment fait-on? J’habille les petits? Tout le monde commence par une étape et prend un jeu en attendant la suivante? L’éducatrice se concentre sur l’habillage des petits et les grands s’habillent plus tard mais plus vite? Ce casse-tête se vit à chaque début d’année mais s’il est réfléchi en septembre, ainsi les plus jeunes seront plus autonomes en janvier avec l’habit de neige.

Personnellement, je me concentre sur l’habillage des petits pendant que les grands vont à la salle de bain puis s’habillent de façon autonome. Une boite de jeux de transition spécifiques pour cette période est à leur disposition lorsqu’ils sont prêts. Le manteau est zippé lorsque tous sont prêts. Les règles de jeux sont simples et claires mais surtout rappelées chaque jour. Les petits peuvent jouer, eux aussi, lorsqu’ils sont prêts. Il n’y a pas de petites pièces accessibles sans supervision.

L’ÉTAYAGE

« Il s’agit d’une forme d’accompagnement où un partenaire avec plus d’habiletés que l’enfant, le soutient dans sa zone de développement proximal, de façon appropriée, pour que celui-ci soit capable d’augmenter ses compétences dans une situation donnée, dans une perspective d’autonomie.» (Cloutier, 2012, p. 60)

zone_proximale_de_dveloppement.jpg Qu’est-ce à dire? La zone de développement proximale est la distance entre ce  que l’enfant effectuer ou apprendre seul et ce qu’il peut apprendre uniquement  avec une personne plus experte. L’étayage consiste alors à servir de guide pour  que l’enfant puisse devenir autonome. Ce passage est possible grâce au soutien  de pairs d’âges différents ou l’éducatrice du groupe, voire les 2. Voilà qui permet  une grande richesse dans les interactions sociales menant au développement  cognitif de l’enfant.

 

 

Bonne rentrée à toutes et à tous!

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Cloutier, S. 2012. L’étayage : agir comme guide pour soutenir l’autonomie : pour un enfant à son plein potentiel. Collection éducation à la petite enfance. Montréal : PUQ.

Zone proximale de développement [archive], sur  http://www.definitions-de-psychologie.com [archive], 25 novembre 2009. Consulté le 11 septembre 2013.